Exister...
Exister, verbe du premier groupe me répète-t-on. Le verbe du premier groupe "exister" a pour synonyme le superbe verbe "être".
Exister... j'ai lu que l'étymologie de ce verbe venait directement de la notion de "sortir hors de soi" "s'éloigner d'un lieu fixe" ex-sistere.
En ce qui me concerne je bouge, autant que je me souvienne j'ai toujours voulu, aimé bouger.
Pas faire le tour de la terre, pas forcément, simplement bouger mon cul aller voir au coin de la rue, si c'est pareil qu'hier, sortir deux heures ou trois semaines à pied, à l'aide de ma bicyclette, de notre "Raymond", en train, en couple, avec des potes et surtout surtout tout seul, j'aime et je veux bouger.
C'est à la lecture d'un article dans la presse locale hier matin que j'ai cette idée de parler de mon envie, de mon besoin de bouger. Le journal Sud Ouest ressortait un "marronnier" la sur-population carcérale ou comment survivre à trois ou quatre pauvres bougres dans moins de neuf mètres carrés.
Je me suis toujours intéressé au sort des prisonniers, j'ai dévoré des récits de survivants dans les camps de concentration, j'ai lu la bio de ce vieil anarchiste charlie Bauer voilà trente ans, le récit de ces journalistes détenus pendant plusieurs mois en Afrique simplement parce qu'ils faisaient leur métier et avaient une valeur marchande aux yeux de leurs ravisseurs. Il y a également les écrits de taulards comme françois Besse et de Mesrine, la vie également de l'autre côté des clefs, c'est à dire des matons... boulot ingrat s'il en est.
Dans les Hautes Pyrennées sur un plateau battu par des vents froids et un ciel bas de novembre, j'ai eu l'occasion de passer deux à trois heures dans une centrale pénitentiaire pour des raisons dites professionnelles, je faisais la démonstration d'un nouveau matériel dans un atelier. Je me souviendrai de ces moments très particuliers. J'étais clairement la distraction de la journée, ces hommes à la peau très pâle ne m'écoutaient pas ils n'en avaient absolument rien à battre de mes racontars d'homme du dehors, simplement ils me regardaient, me mattaient dru... tu n'imagines même pas mon bonheur de passer la toute dernière grille, de retrouver ma bagnole sur le parking et de m'éloigner doucement.
Les menottes, être attaché à un radiateur pendant un long moment sans autre violence j'ai connu, comme je l'ai déjà raconté sur la toile... j'étais tout jeune, je n'avais absolument rien fait d'autre de mal que de me trouver au mauvais moment, au mauvais endroit, ce n'est rien et c'est déjà une putain d'expérience qui m'a fait découvrir que tout peut basculer à un moment ou à un autre, d'individu libre tu peux être à la merci du bon vouloir de types qui face à toi ont le pouvoir.
Voilà dix ans j'ai subi un peu plus de deux mois d'immobilité physique, malade épuisé, hopital lit fauteuil et la visite de quelques personnes au teint bien bronzé, ils débordaient de bons sentiments étaient bien gentils pendant les trente minutes de visite et puis une fois passé la porte ils retrouvaient leurs occupations de personnes debout, tandis que moi je n'étais qu'un grand bout de viande malodorante, prisonnier entre deux draps... peur.
J'ai peur que quelqu'un, qu'un régime, une loi ou qu'un aléa physique/mental me prive de ma liberté d'aller et de venir à ma guise, je crois que j'en mourrais rapidement.