Un terrain d'un peu plus de deux mille métres carrés situé dans une petite commune au nord de la ville de Nantes, fin des années 2010 une femme, une femme sans domicile fixe parvient à s'acheter ce terrain dit "de loisirs"
Le terme "terrain de loisirs" concerne un terrain où il ne sera pas possible d'obtenir un permis de constuire, ça ne peut pas être un domicile, pas d'adresse postale.
Enora est pleinement consciente d'enfreindre la loi mais elle est chez elle sur ce terrain qu'elle est parvenue à s'offrir par son travail, dans un premier temps, elle y pose sa vieille caravane et puis avec l'aide de son compagnon, de copains, elle construit son chalet avec des matériaux de récupération et quelques éléments achetés comme les panneaux solaires ou un poêle à pétrole.
Le terrain en friche était dans un état lamentable, un véritable dépotoir l'étang est pollué d'amiante, de métaux, de gravats abandonnés là, connement... alors énora s'est retroussée les manches avec ses potes ils ont en quelques semaines nettoyé le terrain d'une décharge sauvage ils en ont fait un petit paradis avec deux, trois moutons un petit potager pendant l'été ils se baignent dans l'étang redevenu tout propre... et puis il y a le chalet ou vit à l'année énora un petit chalet avec sa terrasse, un petit chalet tout simple tout suffisant pour cette jeune femme. L'habitation n'est reliée à aucun réseau l'eau de lavage, de boisson est récupérée dans des cuves et filtrée, les toilettes sont sèches bien sûr et l'électricité est fournie par le soleil mais utilisée avec parcimonie "une soirée à la bougie ce n'est pas la mort" pas de réfrigérateur, pas de télévision, pas de machine à laver.
Dans ces 20 M2 énora est heureuse enfin, elle serait pleinement heureuse si sa situation était claire parce que bien évidemment ça va coincer avec les administrations... Enora a tenté de discuter avec la maire de sa commune qui n'a pas voulu la renconter mais lui a envoyé les gendarmes, dépôt de plaintes 3 chefs d'accusation... Enora connaissait les risques encourus elle pouvait être expulsée alors elle s'est battue, pas le choix !
Un avocat a accepté son dossier mais il l'a prévenue "si vous gagnez, ça tiens du miracle" âprement ils ont constitué un dossier ils ont construit ensemble une argumentation sérieuse, réfléchie et digne.
- Enora à bien assaini un terrain avec son étang jadis insalubres. Elle a hébergé pendant la fin de vie sa Maman qui se mourrait d'un cancer au 5 éme étage d'un HLM sans ascenseur. Enora ancienne sans domicile fixe travaille comme assistante de vie pour un tout petit salaire elle n'aurait jamais pu obtenir un crêdit immobilier de la part d'une banque, elle a donc réussi à économiser jusqu'à dix mille Euros sous à sous afin de se loger. Enora ne rejette aucune substence nocive, ses eaux grises sont filtrées sa démarche étant écologique et de simplicité volontaire. Elle recueille les animaux blessés ou abandonnés et les nourrit etc, etc...
Très stressée, fatiguée au bout de trois ans de procédures Enora se rend au tribunal... et Madame la juge déboute les administrations et confirme le domicile et la permission à Enora de vivre selon ses désirs sur son terrain dans son chalet à la condition que les choses en restent là, pas d'agrandissement, pas d'accès aux réseaux. C'est une grande victoire pour Enora, son entourage et son avocat un tel jugement n'avais pas eu lieu en France depuis les années 1960...
Las d'écouter les zinformations qui me dézinforment j'aime, en prenant mon café seul dans ma cuisine, écouter des podcast l'histoire d'Enora et de son petit chalet est disponible sur France Inter.
Enora est mariée, ne vit pas à temps complet avec son mari qui a deux enfants elle par choix, ne veut pas d'enfants "on est trop nombreux sur terre, les enfants c'est comme les frigos, du gaspillage"