Je m'étais dit, rendez-vous dans dix ans...
(même jour, même heure pauv'pomme, surtout loin d'la place des Grands Hommes)
C'est tout à fait ça, le 22 juillet les dés sont jetés et je me suis donné comme objetctif dix ans, dix ans de plus ce serait tout simplement génial.
Juillet 2012, ça fait quatre mois que je fréquente assidûment les médecins, les cabinets de radiologie, deux cliniques pour biopsies et autres bricoles, fin mai j'ai rencontré un chirurgien éthiopathe "il est clair que vous avez des tumeurs au niveau du foie, ça ne me semble pas être cancéreux mais une est particulièrement mal placée, faudrait aller voir..."
19 juillet je rentre dans l'hopital Saint André, je suis venu à vélo et le coeur léger parce que le temps est rédieux sur Bordeaux et par bravache (je ne récupérerai mon vélo que plus de quatre mois plus tard et je mettrai presque l'après-midi pour accomplir les 16 kilomètres jusqu'à notre domicile...)
Le jour même de mon arrivée j'ai un entretien avec l'anesthésiste, on ne peut être plus cash que ce que j'ai entendu ce jour là... je peux te dire que j'ai atteri fissa, là on est plus du tout dans la poésie : "opération majeure, durée de l'intervention, risques encourus en rapport à la thrombose que j'ai subie quatre ans plus tôt, etc"
Le 22 au soir une douche, une l'infirmière me tend un verre Arcoroc dans lequel elle a déposé onze gouttes de je ne sais quel produit, je suis debout entre cette infirmière et mon lit et je ne me souviens pas du tout m'être couché, réveil à 16 heures trente le lendemain, la femme que j'aime est à mes côtés c'est fait, tout va bien.
Dans la soirée le chirurgien m'indique qu'il a ôté un tiers du foie, la queue du pancréas ainsi que ma rate, l'opération a duré un peu moins de six heures et tout va bien, bien entendu différents éléments sont partis pour analyse... Je suis sans réaction, assomé.
Je ne ressortirai définitivement de l'hopital que deux mois plus tard absolument épuisé, amaigri de 13 kgs mais vivant et je n'ai pas développé de cancer, entre temps j'ai bien sûr chopé une infection hospitalière et d'autre petites contrariétés sans importance, je suis vivant !!
Cet épisode a bouleversé ma vie, ce fut une parenthèse de deux années difficile à vivre pour moi, pour ma famille j'ai beaucoup réfléchi durant cette période et c'est normal je n'avais que ça a faire, bloqué là sur mon canapé a attendre que ça passe. Je n'ai plus été tout à fait le même homme après cette épreuve j'ai touché du doigt la fragilité du corps humain, le bonheur d'être en santé, je sais tout à fait ce que je dois au corps médical, au soutien de la femme qui fait le ménage dans les couloirs à la parole responsable d'un médecin.